Pour être chrétiens, soyons marials !
« Vierge Marie, Étoile de la nouvelle évangélisation, aide-nous à rayonner par le témoignage de la communion, du service, de la foi ardente et généreuse, de la justice et de l’amour pour les pauvres, pour que la joie de l’Évangile parvienne jusqu’aux confins de la terre et qu’aucune périphérie ne soit privée de sa lumière ». [Pape François, “La Joie de l’Évangile”, n° 288].
« La bienheureuse Vierge est invoquée dans l’Église sous les titres d’avocate, auxiliatrice, secourable, médiatrice, tout cela cependant entendu de telle sorte que nulle dérogation, nulle addition n’en résulte quant à la dignité et à l’efficacité de l’unique Médiateur, le Christ » (Vatican II, Lumen Gentium 62).
Chers amis,
Une nouvelle fois, je viens vous retrouver pour partager avec vous sur Celle qui est à la fois si extraordinaire, si simple et si proche, la Vierge Marie.
Nous savons la place qu’Elle tient dans le cœur de chacun d’entre nous, dans nos familles et nos villages, mais aussi dans l’histoire de notre diocèse ou de notre pays, sans oublier la tendresse qu’elle suscite chez ceux qui sont plus loin de l’Église. Comme le souligne avec force le Pape François : « Pour être chrétien, soyons marials ! » [Fatima, mai 2017]. Nous en parlerons dans l’élan de ce qu’a porté l’Église depuis des siècles, et qui nous rejoint comme un don à transmettre nous aussi : vivre en Église, c’est vivre avec Marie et vice-versa !
Je souhaiterais aborder ce thème sous l’angle du lien personnel et communautaire, non seulement pour pointer quelques aspects importants de notre relation à Marie, mais aussi pour préciser des idées concrètes qui veulent nourrir notre prière. Dans notre désir partagé de rencontrer le Christ personnellement et de vivre davantage de Lui, la Vierge Marie est certainement “l‘intermédiaire” idéale, comme le rappelle le Concile [Cf citation ci-dessus].
Enfin, le souci de l’évangélisation nous habite pour partager ce qui comble notre cœur et notre vie : aimer et faire aimer Jésus ; Marie va nous guider sur ce chemin !
Marie, notre Mère !
Marie est notre Mère ! L’Évangile de Saint Jean nous l’affirme clairement en mentionnant ce moment où Jésus nous donne Sa mère : « Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie Madeleine. Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : “Femme, voici ton fils”. Puis il dit au disciple : “Voici ta mère”. Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui » [Jean 19, 25]. Mais Elle est bien sûr d’abord Mère de Dieu (maman de Jésus qui est Dieu). Cela pourrait nous impressionner, mais cela nous rappelle surtout que c’est Elle qui connaît le mieux Dieu. En étant notre Mère, Elle nous aide à rencontrer Dieu, à l’aimer et à nous laisser aimer par Lui.
Le Pape Paul VI l’a déclarée Mère de l’Église à la fin du concile Vatican II, en mettant toute l’Église sous sa protection. Nous nous rappelons la dévotion filiale de Saint Jean-Paul II qui ne cessait de se tourner vers Elle, tant pour sa vie personnelle que pour sa vision de l’Église et du monde. Le Pape François souligne la place particulière qu’Elle doit tenir dans le cœur et la vie des chrétiens, tout spécialement comme Mère de Miséricorde ; il souligne ainsi que Marie a été priée pendant des siècles sous ce titre car, en nous donnant son Fils Jésus qui est la Miséricorde, Elle nous faisait sentir la tendre bonté de Dieu et la nécessité du Salut. Alors, comme pauvres et pécheurs, parfois désemparés ou isolés, n’hésitons pas à nous tourner vers notre Mère de Consolation, comme des enfants pleins de confiance…
Si nous prions Marie comme notre Mère, elle nous aide “à être engendré à la vie divine”, c’est-à-dire à la communion avec Dieu. Elle nous aide, comme notre “maman du Ciel”, à vivre déjà avec Elle de la Vie éternelle dans le quotidien de nos vies. Elle qui a élevé son fils Jésus, elle nous aide nous aussi, à grandir dans l’amour du Père et l’ouverture à l’Esprit-Saint…
Marie, maîtresse de vie spirituelle
On peut utiliser ce terme de “maîtresse de vie spirituelle” pour montrer combien la Vierge Marie peut nous aider à grandir dans la Foi et nous aider à rencontrer Dieu en vérité et à vivre de Lui. « Marie, une maîtresse de vie spirituelle, la première qui a suivi le Christ sur la “voie étroite” de la croix, nous donnant ainsi l’exemple » [Pape François à Fatima, mai 2017].
Depuis son premier “oui”, comme enfant [Présentation de Marie] où Elle se donne au Seigneur, jusqu’à l’Annonciation ou à la Croix, Marie a dit “oui” avec confiance. Elle s’est toujours ouverte au don de l’Esprit Saint et à son action, dans une simplicité naturelle et profondément humaine. Marie est bien un “Maître spirituel” pour chacun de nous ; Elle nous apprend à nous abandonner à Dieu, à Lui faire confiance, à Le laisser agir en nous pour grandir dans la sainteté et dans le lien personnel avec Lui. Elle nous enseigne, non seulement à l’aimer davantage, mais surtout à nous laisser aimer par Lui, c’est-à-dire à faire que Sa volonté se fasse en nous. Elle nous aide à être disponibles pour suivre Jésus…
Elle nous garde aussi du Mal, elle est victorieuse du dragon [Apocalypse, 12]. Sa protection est si forte que tous les saints, dans les combats spirituels de la vie, se sont réfugiés sous sa garde en la priant avec foi. N’hésitons pas à nous tourner vers Marie dans la tentation, les difficultés de la vie personnelle ou familiale, les moments où nous perdons la paix, dans les tristesses qui accablent… Sa tendresse nous garde et nous rassure.
Marie, Étoile de l’évangélisation
Marie est aussi “l’Étoile de l’évangélisation” pour reprendre une expression de Paul VI : « Au matin de la Pentecôte, Marie a présidé dans la prière le début de l’évangélisation sous l’action de l’Esprit Saint. Qu’elle soit l’Étoile de l’évangélisation toujours renouvelée que l’Église, docile au mandat de son Seigneur, doit promouvoir et accomplir, surtout en ces temps difficiles mais pleins d’espérance ! » [Evangelii nuntiandi n° 82, 1975].
Cette expression a été souvent utilisée par Jean-Paul II et par Benoît XVI. Le Pape François la reprend avec force dans “La Joie de l’Évangile” : « Nous fixons aujourd’hui notre regard sur Marie, pour qu’elle nous aide à annoncer à tous le message de salut, et pour que les nouveaux disciples deviennent des agents évangélisateurs. Dans ce pèlerinage d’évangélisation, il y aura des moments d’aridité, d’enfouissement et même de la fatigue, comme l’a vécu Marie durant les années de Nazareth ». Et plus loin : « Il y a un style marial dans l’activité évangélisatrice de l’Église. Car, chaque fois que nous regardons Marie, nous voulons croire en la force révolutionnaire de la tendresse et de l’affection. En elle, nous voyons que l’humilité et la tendresse ne sont pas les vertus des faibles, mais des forts, qui n’ont pas besoin de maltraiter les autres pour se sentir importants […]. Marie sait reconnaître les empreintes de l’Esprit de Dieu aussi bien dans les grands événements que dans ceux qui apparaissent imperceptibles. Elle contemple le mystère de Dieu dans le monde, dans l’histoire et dans la vie quotidienne de chacun de nous et de tous […]. Cette dynamique de justice et de tendresse, de contemplation et de marche vers les autres, est ce qui fait d’elle un modèle ecclésial pour l’évangélisation ». [“La Joie de l’Évangile” n° 287].
Si « la tâche d’évangéliser tous les hommes constitue la mission essentielle de l’Église » [Pape Paul VI], l‘exemple et l’intercession de Marie vont nous être bien précieux ! Qu’Elle nous aide à laisser “déborder notre cœur” vers les autres pour leur partager notre trésor, l’amour vécu de Jésus. Comme Elle, que nous puissions porter cette intention, la mettre en œuvre et “courir” vers les autres pour partager cette joie !
Prier Marie…
Tout cela est une invitation à prier Marie avec confiance ! À nous tourner vers elle pour partager nos joies et nos difficultés, pour qu’Elle nous aide à vivre davantage de son Fils Jésus et pour l’annoncer avec joie. On peut prier seul, en couple, en famille, en petit groupe, en paroisse, en diocèse… Prier Marie doit nous habiter, car Elle nous conduit toujours vers son Fils Jésus, lui le Chemin, la Vérité et la Vie.
Voici quelques idées concrètes que nous connaissons, mais dont il faut peut-être retrouver la saveur et la fécondité :
+ Le Chapelet. C’est la prière des pauvres … et des saints, disait Bernanos ! Tous les papes et les grands saints l’ont encouragée et ont insisté sur la place centrale de cette prière dans la conversion, la garde du cœur et la croissance spirituelle. Le chapelet [5 dizaines de 10 “Je vous salue Marie”] peut se réciter seul, en couple, en famille, en paroisse… Il peut intégrer des passages bibliques, la méditation des Mystères [méditations sur la vie du Christ ou de Marie], des intentions personnelles ou communautaires… On peut le réciter dans un oratoire, en travaillant, durant un trajet, en se promenant… Pourquoi ne pas le dire à plusieurs dans nos églises parfois peu utilisées, à une heure pratique pour tous ? Plusieurs paroisses du diocèse l’ont expérimenté avec joie et en ont perçu les grâces. Benoît XVI disait : « Le chapelet est une prière contemplative accessible à tous ».
+ L’Angélus. Bien ancré dans notre vie rurale quand il sonne encore à nos clochers, pourquoi ne pas le retrouver avec profit ? Il a rythmé pendant des siècles la vie des paysans et des villages… Il reprend les grands points de l’histoire du Salut : l’annonce de l’Ange à Marie, le “Oui” confiant de Marie, la venue de Son Fils parmi nous. L’Angélus nous aide ainsi à prendre conscience de la présence de Jésus au milieu de nous, et à percevoir ce qu’est le Salut. On peut le réciter (3mn !) à la fin de la Messe, au son du clocher (7h, 12h, 19h), seul ou en famille, au travail ou à la maison, avant le repas ou simplement là où on est… Cette prière rythme le temps et nous rappelle l’immensité de l’amour de Dieu qui est venu, par Marie, habiter chez les hommes pour nous manifester son amour infini…
+ La prière familiale. Elle peut bien sûr se faire à partir de la Parole de Dieu, mais elle permet aussi de prier Marie (en famille ou en couple) et cela va être très fructueux ! Il suffit d’essayer… Le “Je vous salue Marie”, le “Magnificat”, le “Souvenez-vous…”, la “Prière diocésaine à Marie”… tant de prières aimées, connues ou personnelles, nous rapprochent de Marie et nous font toucher sa tendresse et sa proximité.
+ Honorer les représentations de Notre-Dame. Elles sont nombreuses dans nos villages, nos églises et nos maisons : statues, images, icônes, oratoires… Elles peuvent être fleuries ou embellies pour montrer notre amour à Marie. Pourquoi ne pas réciter un Ave en passant près d’elle, pour ma famille, pour ceux qui souffrent ou ne connaissent pas Dieu, pour mes voisins… Et puis cela est un signe qui va toucher ceux qui sont loin de l’Église.
+ Célébrer les fêtes de la Vierge Marie. L’Église le fait souvent au cours de l‘année : Marie Mère de Dieu (1er janvier), la Visitation (31 mai), l’Assomption (15 août), la Nativité de la Vierge (8 septembre), l’Immaculée Conception (8 décembre), les fêtes de ND de Lourdes ou de Fatima, … Ces fêtes s’égrènent sur l’année comme les grains d’un grand chapelet. Elles nous rappellent combien Marie joue un rôle important dans l’histoire des hommes et des nations. N’hésitons pas à célébrer avec joie ces fêtes, en famille, au caté, en paroisse…
+ Acte d’Abandon à la Vierge Marie. C’est ce que nous appelions auparavant “consécration” mais on préfère aujourd’hui réserver ce terme au Seigneur, et utiliser (comme précisait Benoît XVI) le terme d’Acte d’Abandon à Marie. Se donner à Marie avec confiance, pour qu’elle nous conduise plus sûrement vers Son Fils. C’est ce que nous ferons en diocèse le 13 mai prochain, en remettant symboliquement les Projets pastoraux missionnaires de nos paroisses à Marie, et au-delà, en lui confiant l’évangélisation de notre diocèse.
+ Chacun pourra mettre en œuvre ce que l’Esprit Saint lui suggère pour honorer et prier Marie…
La Vierge Marie va nous aider à vivre des 5 essentiels : Elle nous fait entrer dans la prière et l’intimité du Seigneur (prière) ; Elle nous enseigne qui est Dieu pour mieux l’aimer (formation) ; Elle nous aide à “sortir en hâte” vers les autres pour partager (vie de charité) ; Elle nous apprend la joie de la vie fraternelle simple et vraie comme à Nazareth (vie fraternelle) ; Elle engendre en nous le désir de l’évangélisation et nous pousse à nous ouvrir au feu de l’Esprit (souci de l’évangélisation).
Au moment de terminer cette lettre, ma prière fraternelle vous rejoint chacun ; que la Vierge Marie nous accompagne quotidiennement, nous garde et nous guide dans notre marche avec le Christ. Qu’Elle nous aide chacun à devenir davantage des disciples-missionnaires, et nous fasse partager la Joie de l’Évangile !