Cathédrale Notre Dame du Bourg
Vendredi 6 janvier 2017

Monseigneur,

En ces premiers jours de l’an de grâce 2017, c’est avec joie que je vous présente en cette cathédrale, l’Eglise-Mère de notre diocèse, les vœux du presbyterium et de l’ensemble de notre Eglise diocésaine en pèlerinage dans les Alpes de Haute-Provence.

Nos vœux vont aussi à nos deux évêques émérites, Mgr Edmond Abelé, dont la santé se fragilise et à Mgr François-Xavier Loizeau, qui depuis la Vendée s’associe à nous en ce jour et nous présente, lui aussi, ses vœux les plus chaleureux.

Évidemment, et en tout premier lieu, nous formons les vœux les plus fervents pour votre personne Monseigneur, et votre ministère épiscopal débuté le 17 janvier 2015. « Fiat voluntas tua », « Que ta volonté soit faite » ; cette demande du Notre Père, vous en avez fait le programme de votre épiscopat. Sans relâche, depuis 2 ans, avec le dynamisme qui vous caractérise, la force tranquille (n’y voyez aucune allusion en cette période préélectorale présidentielle à un quelconque slogan des années 80), avec la force tranquille qui vous meut, le sourire et la joie dont vous ne vous départissez jamais, vous cherchez à ce que cette volonté divine se réalise. Or, la volonté de Dieu c’est que toute femme, tout homme, chaque habitant de ce beau territoire puisse trouver et rencontrer le Christ la vie de notre vie. Ce faisant vous mettez en œuvre, Monseigneur, le programme souhaité par le Saint Père pour toute l’Église dans son texte programmatique, « La joie de l’Évangile » : « J’invite chaque chrétien, en quelque lieu et situation où il se trouve, à renouveler aujourd’hui même sa rencontre personnelle avec Jésus Christ ou, au moins, à prendre la décision de se laisser rencontrer par lui… Il n’y a pas de motif pour lequel quelqu’un puisse penser que cette invitation n’est pas pour lui, parce que « personne n’est exclus de la joie que nous apporte le Seigneur »

Au seuil d’une nouvelle année nous nous tournons naturellement vers celle qui vient de s’achever. 2016 a connu son lot de joies, de difficultés et d’épreuves tant au plan personnel que sociétal et ecclésial.

Parmi les joies, comment ne pas mentionner l’année sainte de la Miséricorde qui nous a permis, si nous l’avons vécu en vérité, de faire « l’expérience de l’amour de Dieu qui console, pardonne, et donne l’espérance » (Bulle d’indiction du jubilé, 3) et de devenir à notre tour, à son image et à sa ressemblance, miséricordieux comme l’est notre Père céleste ; c’est aussi cela faire sa volonté. Parmi les œuvres de miséricorde figure la prière et l’attention aux défunts ; c’est dans ce cadre que vous avez voulu la mise en place dans le diocèse d’un service catholique des funérailles.

Notre Église diocésaine a eu aussi la joie de recevoir par l’imposition de vos mains et le don du Saint Esprit, un nouveau ministre ordonné en la personne de Freddy. A sa suite, plusieurs autres jeunes hommes se préparent à remettre tout leur être dans les mains du Christ-Pasteur et à se laisser configurer à Lui pour servir leurs frères comme prêtres. Après des années de pénurie nous expérimentons, dans ce domaine des vocations comme dans tous les autres domaines, que « la première réponse de l’Église se trouve dans un acte de foi totale à l’Esprit Saint. Nous sommes profondément convaincus que cet abandon confiant ne décevra pas si nous demeurons fidèles à la grâce reçue » (Saint Jean-Paul II). Le Seigneur ne nous abandonne pas et nous donnera toujours les pasteurs dont nous avons besoin. Réjouissons-nous et prions pour ces jeunes. Grâce au ministère indispensable des prêtres, nous rappelle le Saint Concile Vatican II, les fidèles laïcs seront toujours plus conduits à prendre conscience de leur sacerdoce commun et à le mettre en œuvre. L’Église ne saurait se passer ni des uns ni des autres, ni remplacer les uns par les autres. « Prêtres et laïcs, nous nous engageons à former ensemble une même communauté et nous nous promettons les uns les autres une assistance active, fraternelle et spirituelle pour la sanctification et l’annonce de l’Évangile » (Communauté de l’Emmanuel). Plusieurs parmi nous ont fêté un jubilé sacerdotal ou diaconal, Andre-Marie Jannini, Philippe Michel et Pierre Léouffre. De nombreux jeunes ont participé au pélé VTT, aux JMJ à l’occasion desquelles ils ont préparé un spectacle d’une grande qualité.
Nous avons également vécu des évènements plus douloureux même si nous les avons vécu dans la foi et l’espérance qui viennent du Christ. Les Pères Marcel Grosjean, Gabriel Comte, Gilbert Mayenc et Mario Roncelli ont quitté ce monde qui passe ainsi que les frères René, de Ganagobie et Jean, de la communauté de Quinson. Plusieurs d’entre nous ont également perdu un ou des êtres chers au cours de l’année. D’autres vivent des passages plus difficiles dans leur vie personnelle ou ministérielle. Comment ne pas penser au cher Père Claude Listello qui est en grande communion avec nous ce matin. Il avait, nous avions espéré dans les résultats positifs de la greffe dont il avait bénéficié il y a presque un an. Le mal reprend mais Claude va se battre avec le même courage, la même détermination, la même foi dont il fait preuve depuis 4 ans maintenant. Nous le portons dans notre prière fraternelle.

Avec tous nos concitoyens nous avons tremblé d’effroi et d’horreur face aux attentats de Nice et Saint Étienne du Rouvray qui n’ont fait qu’étendre la tâche de sang qui recouvre déjà notre pays et le monde et qui est encore allé en s’élargissant en Allemagne et en Turquie.

Mais il nous faut regarder devant et avancer au large…

L’année qui commence va voir se déployer la mise en œuvre progressive de votre vision pastorale Monseigneur, telle que vous l’avez présentée le 29 octobre dernier à l’Église diocésaine rassemblée à Sisteron. Il s’agit de faire de toute notre Église une Église de disciples-missionnaires en marche vers une nouvelle étape évangélisatrice selon les vœux et les souhaits du Pape François. Vous avez pour cela institué un conseil diocésain pour la nouvelle évangélisation. Il a pour objectif de promouvoir et d’impulser une culture de l’évangélisation, proposer des expériences concrètes d’évangélisation et d’accompagner concrètement les initiatives mises en place. Vous souhaitez, Monseigneur, que chaque personne, paroisse, communauté, service et mouvement vivent et mettent en œuvre ce qu’on appelle les 5 essentiels qui sont des «dynamiques de croissance», des «sources de fécondité» pour l’Église. Ces 5 éléments, qui ont été présentés aux membres des conseils pastoraux paroissiaux le 1er octobre dernier, nous les trouvons dans les Actes des Apôtres. Ce sont eux qui ont fait de toutes petites communautés fragiles des communautés qui ont rayonné l’Évangile et ont permis la rencontre du monde païen avec la nouveauté de vie apportée par le Christ. Le monde d’aujourd’hui, s’il comporte du beau et du bon, ressemble par bien des aspects au monde d’avant le Christ, nos communautés chrétiennes sont bien semblables à celles des premières communautés chrétiennes par le nombre de leurs membres et bien des fragilités. Alors il nous faut retrouver, mieux vivre, ce cocktail de vitamines spirituelles dont témoigne l’Écriture : l’adoration, la configuration au Christ par la formation, la fraternité effective, le service, l’évangélisation. Ce que la tête, à savoir vous, Monseigneur, souhaite que vive le corps, à savoir nous vos diocésains, il faut qu’elle puisse le vivre et l’impulser au plus près. Ces 5 essentiels, pour une Église vraiment missionnaire, vous souhaitez les vivre et les mettre en œuvre, vous le premier. La maison diocésaine du Bartèu, si chère au cœur des diocésains mais, plus largement nous le constatons dans les rencontres que nous faisons, à tous les habitants de ce département, est un outil et un moyen idéal pour mettre en œuvre concrètement ces 5 essentiels de la vie chrétienne. C’est pourquoi après un long travail de discernement porté et accompagné dans la prière, vous avez pris la décision de transférer l’évêché au cœur de la vie diocésaine, à savoir notre maison diocésaine. Vous souhaitez que la maison du diocèse, soit toujours plus, toujours mieux la maison de tous et pour tous. Une maison rénovée pour échapper à la fermeture administrative définitive pour non-conformité aux règles de sécurité et d’accueil, une maison en capacité de remplir son rôle et sa mission de rassembler et de porter des initiatives, une maison où les 5 essentiels seront vécus et pourront rayonner sur l’ensemble du diocèse. L’objectif n’est pas de déménager pour déménager. Le but n’est pas d’accélérer le supposé ou redouté déclin de la Ville Préfecture, aucune arrière-pensée ou stratégie politique dans le choix de transférer l’évêché au Barteù. Ce qui vous motive, Monseigneur, c’est la mission, l’annonce de l’Évangile. Pour cela nous disposons d’un atout et d’un outil formidables : le Barteù. Et au cœur de la maison diocésaine, cœur de la vie et des rassemblements diocésains, vous serez avec vos plus proches collaborateurs, un élément fédérateur et dynamisant. Le symbole à préserver n’est pas d’abord un héritage historique hérité de Napoléon, à savoir une préfecture-un évêché, mais le lien organique entre la tête et le corps. Le corps ecclésial, de la communauté ecclésiale dans son ensemble, se réunit tout naturellement au Barteù. Voilà la seule motivation du transfert de l’évêché de Digne à Peyruis. La tête et le corps seront réunis en un même lieu. Là encore, vous mettez en œuvre le programme du Pape François : « J’imagine un choix missionnaire capable de transformer toute chose, afin que les habitudes, les styles, les horaires, le langage et toute structure ecclésiale devienne un canal adéquat pour l’évangélisation du monde actuel, plus que pour l’auto-préservation. La réforme des structures, qui exige la conversion pastorale, ne peut se comprendre qu’en ce sens : faire en sorte qu’elles deviennent toutes plus missionnaires » (E.G, 27).

Il me faut conclure ces 12èmes vœux prononcés en cette cathédrale ; c’est long ; Ces vœux furent longs chaque année par leur contenu, mais ils furent long par le nombre des années où j’ai dû les prononcer !

« Tous les hommes font la même erreur, de s’imaginer que bonheur veut dire que tous les vœux se réalisent », écrivit un jour le grand auteur russe, Léon Tolstoï. Ne soyons pas de ces hommes. Le bonheur, le vrai bonheur, c’est de savoir qu’en Jésus Dieu nous accompagne sur les chemins de notre vie quelles qu’en soient les joies et les épreuves qui les parsèmeront tout au long de ces 359 jours à venir. Nous sommes en ses mains et en son cœur. Et si notre bonheur, cette année, était de faire d’abord le bonheur de Dieu, de réaliser les vœux de Dieu, sa volonté, que notre Église de Digne soit une Église humble et fidèle, fraternelle et joyeuse, fervente et audacieuse, une Église qui sorte pour annoncer les merveilles de ce Dieu qui nous appelle des ténèbres à son admirable lumière. Dans ce monde si bruyant, si tumultueux, souvent hors de lui-même ; dans le choc et le fracas des paroles qui vont parsemer les mois de campagne électorale, où les arguments démagogiques et politiquement correct risquent de l’emporter sur ce qui est bon, juste et nécessaire ; dans un monde où le mal ne cesse d’étendre ses ravages sachons nous offrir, sachons offrir à nos compatriotes de ce diocèse des oasis de silence, de beauté et de prière car comme l’affirme le cardinal Robert Sarah, « Le silence et la prière ne sont pas une défection. Ce sont les armes les plus fortes contre le mal. L’homme désire « faire » mais il doit surtout « être ». Dans la prière silencieuse, l’homme est pleinement un homme. Il ressemble à David devant Goliath. Car la prière constitue l’acte le plus noble, le plus sublime et le plus robuste, qui hisse l’homme à la hauteur de Dieu. ». Monseigneur, chers amis, telle est la volonté de Dieu : il s’est fait homme pour nous hisser à sa hauteur. Avec lui, aucune peur, aucune crainte, alors, belle, bonne et sainte année à la hauteur de Dieu.