La presse internationale et nationale a largement relaté l’événement, à savoir la dernière encyclique du Pape François intitulée “Laudato Si”. Tant par la personnalité de son auteur, que par le sujet abordé, à cause aussi du contexte international et d’une prise de conscience généralisée relatif à la question de l’écologie, ou de l’urgence des questions traitées,… ce texte a reçu un large écho. Prenons le temps cet été de nous y plonger ! Plus qu’un simple plaidoyer écologique, c’est une vision générale de l’homme lié à son environnement qu’il nous donne, en partant de ce qu’il est dans le dessein de Dieu et en nous donnant une large perspective.
Je voudrais souligner simplement quelques points saillants qui nous invitent à approfondir ce texte
Louer le Seigneur, c’est reconnaître son œuvre et sa juste place : Laudato Si (Loué sois-‐tu) ; c’est le cri d’ouverture de l’encyclique à la suite de Saint François. Le louer c’est déjà reconnaître son existence et son œuvre ! C’est aussi se rappeler que toute la création aspire au salut, c’est-à-dire est tendu vers la vie éternelle. Le Pape nous rappelle que nous sommes fait pour vivre de Dieu, le louer et grandir dans Son intimité. La louange est notre Vie ! Le sens de ce que nous sommes, de notre origine et de notre fin est en Dieu. Rendons grâce à Dieu pour ce don de la création, pour sa beauté (tout spécialement dans notre diocèse), et parce qu’elle nous dit quelque chose de Dieu.
Tout est lié. Ces trois mots reviennent comme un refrain tout au long de l’encyclique. Ils me semblent caractéristique de l’ampleur de vue du Saint Père et de l’angle original qu’il adopte. Le Pape souligne le lien entre notre relation avec le Créateur, avec la nature et avec les autres humains. ; on ne peut isoler une des parties. Et l’encyclique souligne aussi les liens entre l’espace et le temps, entre le niveaux biologique et géologique, entre le travail et le respect de la personne, entre l’art et l’écologie, entre la façon de vivre et le respect de la nature, entre notre foi et notre vision de l’homme et de son environnement… Bref simplifier ou isoler ne résoudra rien car “tout est lié”… La situation désespérée dans laquelle se trouve notre “Maison commune” ne pourra s’améliorer que grâce à un véritable sursaut, une vison globale de l’homme et de son environnement qui intègre une vraie vision. Si la nature est abîmée, l’homme est blessé, l’œuvre de Dieu est touchée…
Appel à la vigilance. L’encyclique est un appel fait à tout homme de prendre conscience du danger qui nous menace si nous ne faisons rien. Notre Maison commune est en danger ! Et le pape de citer les dangers économiques, financiers, écologiques, scientifiques, humains… Il insiste avec force sur le modèle économique suivi qui privilégie l’intérêt de certains sans voir le Bien commun, environnement compris. Les mots forts crient l’urgence d’une prise de conscience ; il nous invite à mesurer l’ensemble des conséquences de nos modèles (économiques, financier ou humains) et à avoir une vraie vision à long terme. Son appel en faveur des plus faibles et des plus pauvres doit réveiller nos consciences parfois assoupies !
Une anthropologie équilibrée à préserver. C’est une des clés de ce texte. Remettre l’homme et son action à sa juste place, vis à vis du Créateur, des autres hommes et de son environnement. Après avoir détaillé la place particulière de l’homme dans la création voulue par Dieu, dans l’histoire du Salut et dans la perspective de la vie éternelle, le texte détaille les excès d’un anthropocentrisme erroné : excès d’un paradigme technocratique ou économique “devenu fou”, relativisme devant la valeur de l’être humain, perte du sens du travail humain, fuite en avant des innovations biologiques, abandon des pauvres ou des plus faibles, société techniciste… Une véritable anthropologie de la relation est ainsi mise en œuvre, où l’homme a bien une place particulière, mais dans le respect de chacun.
Oui à une écologie intégrale ! C’est un chapitre entier de l’encyclique qui explicite ce concept d’écologie intégrale. L’écologie a des dimensions humaines et sociale précise le Saint Père. On ne peut isoler un seul aspect, tant dans l’analyse que dans l’action : “une vraie approche écologique se transforme toujours en une approche sociale, qui doit intégrer la justice dans les discussions sur l’environnement, pour écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres ». C’est bien à une vraie conversion que le Pape nous appelle !
« L’écologie étudie les relations entre les organismes vivants et l’environnement où ceux-‐ci se développent. Cela demande de s’asseoir pour penser et pour discuter avec honnêteté des conditions de vie et de survie d’une société, pour remettre en question les modèles de développement, de production et de consommation » explicite le Saint Père.
Éloge du Bien commun. Le sous titre est d’ailleurs ”Sur la sauvegarde de la Maison commune ”. Le bien commun, héritage de la Doctrine Sociale de l’Eglise est mis en avant avec force et ainsi appliqué à l’environnement. Le pape en rappelle la définition : « ensemble des conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu’à chacun de leur membres, d’atteindre leur perfection d’une façon plus totale et plus apaisée ». Il précise présuppose le respect de la personne humaine avec des droits inaliénables, ordonnés à son développement intégral. Il souligne enfin la place de la famille lieu d’épanouissement principal de ce bien commun.
Appel à la sobriété… C’est un des points donnés comme une invitation à chacun. L’encyclique ne s’adresse pas qu’aux décideurs de notre monde… tous nous sommes concernés à notre échelle. Le pape nous invite à vivre une vraie liberté, à prendre les moyens, chacun à sa place, de respecter l’environnement et toute personnes. Il nous invite à l’audace de la sobriété, tant pour le respect d’autrui que pour trouver ainsi la vraie joie, la Joie de l’Évangile.
On pourrait souligner beaucoup d’autres points… Le mieux est de s’y plonger ! Dans un style simple et percutant le Saint Père nous guide. Commençons ainsi notre “conversion écologique” à laquelle il nous appelle…